Un très beau texte écrit par José-Raymond Sanchez.
A méditer !
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Saint-Lys, qu’est tu devenue
ma belle endormie ?
N’as pas tu vu venir
qu’on malmenait ton avenir.
Toi qui rayonnais sur tous les océans
Connu de tous les navigants.
Toi qui beau chef lieu de canton
Tu arborais ton joli blason.
Oublié dans les tréfonds, ton fondateur
Le sénéchal Eustache de Beaumarchais
Au point qu’aucune rue ne porte son nom
Même le mardi au marché
Les anciens en perdent raison
Croyant découvrir un nouvel usurpateur.
Oublié tes quatre cafés qui faisaient le lien social
Et les matchs de basket sous ta belle halle
Seul ton habitat prolifère dans le social
dans un environnement devenu fort banal.
Oublié le car et la pompe à essence du père Laffont
Et ton petit train avec Toulouse comme seule destination.
De tes autos qui ont bon dos
Mais que personne ne laisse à la maison
On te suggère dans d’interminables réunions
Des trottinettes et des vélos
Au non des transports doux et de l’écologie
Qui te coûteront fortune emportés dans leur folie.
Aujourd’hui les temps modernes t’ont rattrapé
Tout devient plannings, argent et rentabilité
On ne te gère plus avec de l’attention d’humain
Mais avec des plans comptables soi-disant pour demain.
Tes rues désertées par les foules
s’emplissent de nids de poules.
En ton cœur, ta magnifique halle
Ne s’est jamais senti si sale.
Tant défendu par des générations, ton terroir
Devient peu à peu une banale cité dortoir.
Tes citoyens se fourvoient de ton passé
Et ne quémandent même plus de convivialité
Ta jeunesse a perdu ses amours et ses idylles
Et laisse fleurir des points de deal.
Accueillir des malheureux et des migrants
Tu as su ouvrir tes bras par tous les temps
Sachant toujours les insérer
Sans pour autant te les faire imposer
Par de lointains endimanchés
Qui ne font fi
De ta vie d’ici.
Près de tes belles demeures toulousaines
et dans ta campagne adoucie
Poussent n’importe où des cités vilaines
Qui cassent ta belle harmonie
Imaginées par des archis
Qui n’ont rien compris de ton histoire et de ta vie.
Tu t’es laissé endormir
Par ces croyances de bel avenir
Mais vas-tu enfin un jour réagir
Et qu’on te laisse choisir ton devenir ?
Toi ma belle endormie
Réveille toi
Relève toi
Et retrouve enfin ta belle harmonie