Suite à la réunion publique sur le REV 8 du jeudi 23 Mars 2023, un peu d’humour, texte écrit par José Raymond SANCHEZ
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J’ai fais un Rêv huit
dans les profondeurs de la nuit
Depuis quelques temps je fais des rêves étranges qui reviennent en boucle. Ils sont cycliques, peut-être au nombre de huit.
Je me dis que j’ai sûrement un petit vélo qui me trottine dans la tête.
Je vais vous raconter cela :
Je traverse mon village (Saint-Lys probablement) en vélo. Difficile ; pénible, pas de piste cyclable, des voitures de partout et une chaussée dira-t-on dégradée. Je descends comme je peux au milieu du flux automobile, la route de Toulouse avant de m’attaquer à la remontée vers la 632. Tellement dangereux que j’abandonne l’idée et je traverse pour finir mon ascension, vélo à la main.
Et là, me croirez-vous ? Un octroi, Oui, un péage, ce truc qu’on installe pour vous faire payer un droit de passage, certainement pour enrichir un peu plus des actionnaires qui ne savent plus quoi faire de l’argent (ou si, pour investir peut être dans un EHPAD ou un CPAR ? Va savoir ?).
Un Panneau m’interpelle « Bienvenue sur les VélosRoutes du Sud-Ouest, pédalez pour nous ».
Je regarde de l’autre côté de l’octroi et je vois une piste cyclable aussi large que la départementale 632, en 2 voies parfaitement goudronnée, elle, longée d’un magnifique chemin piétonnier.
Je demande très poliment au guichetier qui a l’air d’en connaitre un rayon, vêtu en tenue d’apparat, semblable à celle d’un préfet: « Combien pour aller à Fonsorbes ? »
– 8 € M’sieur
– Mais c’est cher
– Oui mais pour rentabiliser 1 million d’Euros le Km c’est le prix à payer et on n’y revient pas dessus,
c’est acté.
Résigné, je cherche ma monnaie, laisse ma contribution et je m’engage su la VéloRoute du Sud-Ouest N°8.
La route des vélos par tous les temps. Sauf que ce jour-là, le vent d’Autan souffle pas mal, j’avais oublié que c’était sa région à lui aussi, que la pluie est annoncée et que ma voiture est interdite de
rouler ce jour-là cause de pollution.
Je renfourche ma bicyclette sans Paulette (pour les anciens Saint-Lysiens, il y a longtemps qu’elle ne sert plus de cafés ; elle habitait au pied de la côte). Et voyant de drôles de vélocipèdes je décide de
poser quelques questions à leur utilisateurs dés la sortie du péage.
Mon premier engin, un papi sur un vélocaddy : pourquoi ce caddy soudé à l’arrière de votre vélo ?
«Et comment tu veux que je fasse mes courses au Leclerc, couillon ? Et je ne te dis pas ce qu’endure ma fille avec 3 bambins ? »
Arrive ensuite un vélopharma : Une grosse caisse à l’avant badgée « Médicaments Urgent »
« Désolé, je n’ai pas le temps, c’est urgent … »
Une vélotondeuse fait son apparition : Barre de coupe sous le vélo, vu sa largeur, c’est un double lame à éjection arrière. « Où allez-vous par là ? » « Me faire affûter les lames chez Olivier, et pardi »
Un engin bizarre surgit, un véloDavidson : Customisé, gros réservoir dissimulant un batterie des plus écolos, oui, oui, croyez moi. (Non, Ah bon) chromes etc … « Vous n’allez pas à la station ? « Si si, j’ai
la nostalgie des belles routes, je vais chez Total faire le plein d’Energie, j’en ai besoin »
Au milieu d’engins anonymes, un étrange véloresto : genre Rosalie des plages, 6 places, table centrale et porte gobelets (en carton) incorporés surmontés d’un parasol..
«On est pressé, on a réservé un repas à la Table Fixe de Saint-Lys pour 13 h»
Un homme grimaçant se présente à moi sur un vélokiné : Vélo électrique avec une seule pédale, l’autre étant un support fixe pour garder la jambe raide. « Vous avez l’air de souffrir ? »
« M’en parlez pas, la semaine dernière, il m’a fallu changer les rotules du vélo, maintenant, c’est la mienne »
Arrive ensuite un véloprotector : vélo avec large pare-brise protégeant un cycliste casqué.
« Que vous arrive-t-il ? »
« J’ai pris un caillou d’un manifestant et j’ai le pare-brise fissuré, je vais chez Oui Vélo Glass »
Un engin d’un autre âge a du mal à avancer, c’est un vintagevélo : Vélo pouvant contenir du plomb, de l’amiante, pneus en dérivé de pétrole et cadre en acier russe, le tout recouvert d’un tas de pastilles notées CTV.
« Je me rends au Contrôle Technique Vélocipède, mais je crois que cette fois-ci, c’est fini pour lui »
l’air désœuvré me lance l’utilisateur aussi déglingué que son vélo.
Un vélopiscine se présente au péage dispersant de grosses flaques : vélo attelé a un grand bac bleu rempli d’eau «Vous avez une fuite ?»
« Oh que oui, j’ai le trop plein qui déborde comme tout ces temps-ci d’ailleurs, je vais chez D Vélopiscines Concept pour colmater»
Un engin plus gros que les autres pointe son nez, c’est un vélobus suivi d’un plus petit, un vélocrèche : Vélos multiplaces, type vélo de plage mais beaucoup plus longs et bardés de barrières de
sécurité conduit par 2 parents d’élèves exténués. « Eric Tabarly en son temps nous aurait certainement équipé d’un mat et d’une voile, on l’aurait plus facile » me lança l’un d’entre eux pendant qu’un gamin imitait le cri d’une mouette.
Des coups de klaxon 2 trompes me font sursauter, ce sont 1 vélociterne suivis de 2 vélobrancards :
Un vélociterne est un tandem rouge équipé d’un gyrophare et muni d’une citerne en remorque et de tuyaux arrimés sur le porte bagages, 2 pompiers au commandes.
Le vélobrancard comme son nom l’indique possède un brancard entre les 2 pompiers servant à transporter une victime.
« Mais où allez-vous si vite ? »
« En renfort sur la Rêv N°9, un velotransdangereux a percuté un vélotransdefonds de la société des Véloroutes »
Je décide de quitter les lieux et prends la direction Fonsorbes. Quelques centaine de mètre plus loin, sur le parking d’un bâtiment cerné de hautes grilles, des individus, dont l’allure me fais penser qu’ils ne sont pas originaires de nos contrées, tournent autour d’un vieux tas de batteries électriques ayant appartenu à d’antiques vélos en se grattant la tête.
Je m’approche et leur demande ce qu’ils font ? Ils me regardent comme un étranger et n’arrivons pas à communiquer, nos langues étant différentes.
C’est alors qu’un animateur vient à la grille « On leur a posé ce tas l’autre jour et ils ne savent pas quoi en faire. On nous à dit c’est pour le nouveau CPAR (Centre pour Piles Anciennes Recalées). Imposé et rien à redire qu’ils nous ont dit. Alors on attend les
consignes mais pour nous, CPARecyclable” et on ne nous écoute pas, on nous méprise.
Un coup de sonnette de vélo. RRRrrrr, Et non, c’est mon radio réveil. Je sors de ma torpeur.
Quittant la maison, je jette un coup d’œil inquiet à mon vélo et je sens de suite que dorénavant je ne le regarderai plus pareil.
J’en ai presque peur. Je me retourne, fais quelques pas, et là, dans mon dos, une petite voix douce me dit :
« Et oui, tu as un petit vélo qui ne tourne pas rond dans ta tête garçon »